Dans un monde où la langue évolue rapidement, la disparition progressive des temps verbaux tels que le subjonctif, le passé simple, l’imparfait ou les formes composées du futur est devenue une réalité préoccupante. Cette évolution linguistique a des conséquences profondes sur notre capacité à penser et à exprimer nos idées.
La généralisation du tutoiement
La généralisation du tutoiement, la suppression des majuscules et même l’abandon de la ponctuation sont autant de signes de cette détérioration de l’expression subtile. En éliminant des éléments essentiels de notre langue, nous perdons non seulement l’esthétique de certains mots, mais nous contribuons également à l’idée que la distinction entre une jeune fille et une femme n’a plus de pertinence. Moins de mots et moins de verbes conjugués signifient moins de capacités à exprimer nos émotions et à élaborer une pensée complexe.
Des mots sur les émotions
Des études ont révélé que l’incapacité à mettre des mots sur nos émotions est une source de violence, tant dans la sphère publique que privée. Plus le langage se réduit, moins la pensée peut se développer. La pensée critique ne peut exister sans une pensée structurée, et cette pensée structurée nécessite des mots. Comment pouvons-nous construire une pensée hypothético-déductive sans maîtriser le conditionnel ? Comment pouvons-nous envisager l’avenir sans conjuguer les verbes au futur ? Comment pouvons-nous appréhender la temporalité, la succession des événements dans le temps, leur durée relative, sans une langue qui distingue clairement ce qui aurait pu être, ce qui a été, ce qui est, ce qui pourrait advenir, et ce qui sera après que ce qui pourrait advenir se soit réalisé ?
La liberté réside dans la nuance des mots
Si un appel à l’action doit être lancé aujourd’hui, il devrait s’adresser aux parents et aux enseignants : encouragez vos enfants, vos élèves, vos étudiants à parler, lire et écrire. Enseignez et pratiquez la langue dans toutes ses formes, même si elle peut sembler complexe, surtout si elle est complexe. Car c’est dans cet effort que réside la liberté. Ceux qui prônent constamment la simplification de l’orthographe, la réduction de la langue à ses « défauts », l’abolition des genres, des temps verbaux, des nuances, tout ce qui crée de la complexité, sont en réalité les fossoyeurs de l’esprit humain.
Il est temps de prendre conscience de l’importance de la langue dans notre pensée et de la nécessité de préserver sa richesse et sa diversité. Seule une maîtrise approfondie de la langue nous permettra de préserver notre capacité à penser de manière critique, à exprimer nos émotions et à construire un avenir éclairé.
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