Vous êtes ophtalmologiste depuis 39 ans et gérant de Cap Ophtalmologie en région Provence-Alpes-Côte d’Azur et plus précisément un centre médical dans le secteur de la Californie à Cannes.
Docteur Alain Telandro, votre parcours vous précède avec une vaste expérience de l’Ophtalmologie, vous êtes également professeur, chercheur scientifique et inventeur de plusieurs projets et brevets déposés. Votre dépassement va bien au-delà de la vocation de votre métier, expliquez-nous vos motivations ?
Je suis au regret de ne pas pouvoir accepter le titre de professeur et chercheur qui en France est limité à un cadre universitaire, aussi je me considère plus comme un pionnier désireux de transmettre ses idées par l’enseignement…
Effectivement, j’ai obtenu plusieurs brevets, en particulier aux USA grâce à la collaboration avec le cabinet Wilson Sonsini Goodrich Rosati de San Diego.
Mes motivations découlent de mon éducation qui à travers l’enseignement de mes parents mais aussi de mes mentors m’ont appris à considérer que si l’on a la chance d’avoir des capacités, nous avons le devoir de les exprimer sans en attendre de gratification mais à l’inverse ne pas les exprimer était une faute au regard de nos contemporains.
Mettre la barre toujours plus haute et ne jamais se satisfaire du résultat a toujours été mon carburant et mon horizon, tout en gardant le cap, je suis avant tout un marin qui doit garder comme objectif d’atteindre le bon port.
Vous avez des principes liés à la médecine, quelles sont les valeurs que vous défendez ?
La médecine a comme principe de soigner, avec le respect que nous devons aux patients qui espèrent de nous, probité, compétence et honnêteté, ce qui s’appelle la déontologie. Mais il y a toujours plusieurs voies qui se présentent face à un patient et j’ai essayé d’être ouvert à toutes les attentes, mais également en cherchant en permanence quelle évolution je pouvais imprimer a mes techniques en particulier chirurgicales ; Dans cet état d’esprit j’ai initié la chirurgie ambulatoire en créant en 1987 le premier centre à pratiquer la chirurgie or d’un établissement de soin classique.
Parlez-nous de vos deux centres, pourquoi ce choix au lieu du centre hospitalier?
Mes deux cabinets d’ophtalmologie de Cannes et du centre Var me permettent en dehors du cadre réducteur des cliniques et hôpitaux publiques, d’investir dans des outils performants et en perpétuel évolution, ce qui me permet aujourd’hui de disposer d’un cadre technologique tout à fait unique pour un praticien privé.
Une équipe dynamique, motivée, jeune et performante m’accompagne et nous permet de relever les challenges de la chirurgie réfractive mais également des pathologies liées au vieillissement.
Notre force est notre liberté et, si l’administration nous conteste en permanence ce principe fondamental, nous continuons à nous battre pour conserver cette capacité à innover pour la grande satisfaction de nos patients.
Vous avez à cœur le bien de votre patientèle, quel service apportez-vous pour vous démarquer ?
Ce qui nous démarque est probablement le choix de la personnalisation dans l’approche de chaque patient et donc d’un concept fondamental et fondateur, la transparence ; vous pouvez observer sur les visuels de mon centre de Cannes à quel point notre structure montre ce qu’elle fait, concept des salles de soins vitrées et transmission vidéo des interventions en directe : nous n’avons rien à cacher…
Votre passion vous amène toujours à développer des nouveaux axes de recherche pour améliorer le bien-être des patients, comment arrivez-vous à imaginer et définir autant de possibilités ?
L’innovation et le résultat d’un perpétuel sentiment d’insatisfaction, être pionnier c’est un état permanent comme me disait un confrère d’Afrique du Sud , il faut aimer avoir mal , défricher de nouvelles voies signifie aussi beaucoup de travail, d’embuches et d’échecs…et parfois la lumière est au bout du tunnel. Il faut aussi avoir un peu de chance et garder la capacité à observer, par exemple une combinaison de traitements ouvrent sur une nouvelle technique , tel que l’a été ma capacité à créer le logiciel de correction de la presbytie par Lasik multifocal en observant le résultat de la correction de ma myopie et de mon astigmatisme sur une cornée qui était normalement une contre indication et qui c’est révélée toujours efficace vingt ans plus tard …ainsi est née le logiciel » Pseudo Accomodative Cornea » développé avec la société Nidek au Japon.
Vous avez un projet sur le point d’éclore avec un fluide oculaire permettant de faciliter les opérations, vous avez déposé les brevets, ce liquide se différencie comment ?
Effectivement le projet de gel visco=élastique coloré, OVD, pour la chirurgie de la cataracte est sur le point d’aboutir: en fait il s’agit de rendre visible ce produit utilisé actuellement par tous les ophtalmologistes du monde sous forme transparente; problème, il faut le retirer complètement en fin d’intervention sous peine de complications multiples; solution le rendre visible au moment de l’aspirer , ce que j’ai réussi grâce à un colorant en très faible quantité et un filtre de lumière qui permet d’en révéler la présence…
Vous êtes également dans le développement de ce fluide oculaire et la réduction des coûts, pour vous c’est important de maîtriser la chaîne du début à la fin ?
Oui, la production de mon OVD nommé FLUON (et Vuon pour les vétérinaires), doit être produit bientôt en Europe pour rester le plus accessible possible , selon des normes les plus élevées , tout en restant accessible à tous les continents; les tentatives de production en sous-traitances s’avérant décevantes j’ai entrepris de créer ma propre unité de production.
Comment se réaliser dans un marché mondialisé ?
Avoir voyagé et enseigné dans le monde entier , en particulier pour diffuser ma technique de correction de la presbytie , m’a permis de développer un réseau d’amis praticiens et de distributeurs qui ont répondus présents dans l’objectif de distribuer ce nouvel outil chirurgical , Fluon venant d’obtenir un brevet aux USA..
Vous cultivez la confiance avec vos patients, avec vous une anecdote d’un retour particulier à ce sujet ?
Effectivement il est arrivé que mes patients s’intéressent à mes activité de développement et l’un d’entre eux, opéré il y a d’une myopie extrême avec succès est devenu un ami et aujourd’hui un partenaire actif dans la recherche de fonds pour la création de mon unité de production.
Comment voyez-vous la recherche aujourd’hui ?
La recherche officielle en France est très encadrée et regarde avec condescendance ce qui se passe dans le privé ; il n’en reste pas moins que les avancées des quarante dernières années ne sont pas venues de l’université mais bien du privé: citons la chirurgie ambulatoire , le drain SKgel pour la chirurgie du glaucome, la chirurgie réfractive multi focale, et les implants multi focaux , et d’autres à venir puisque je viens d’obtenir deux nouveaux brevets aux USA dans le domaine du glaucome et de la chirurgie réfractive biomécanique par laser non ablatif..
Si vous pouviez soigner l’humanité, quelle serait l’action que vous mènerez en premier lieu?
Rendre accessible a tous la santé doit être notre quête et pour cela il faut former plus de médecins et plus de personnel para médical sans lesquels nous ne pouvons pas être efficaces. Aussi tout ce qui restreint l’accès de étudiants aux professions de santé est un non sens face à l’augmentation des besoins, nous sommes plus nombreux et nous visons plus longtemps; ouvrir les cabinets médicaux aux étudiants est une des voies de formation, il en existe d’autres mais serons nous entendus?
Le mot de la fin ?
Il reste tant de choses à faire, à 67 ans j’ai le sentiment qu’il me faudrait encore deux ou trois vies pour exprimer mon potentiel de création …en attendant j’espère pouvoir déléguer et prendre de la hauteur si ont m’en donne les moyens?…
Nous vous remercions d’avoir accepté l’interview pour le magazine Luxury Place