Vous avez un parcours riche et exceptionnel en tant qu’avocat pénaliste ; vous avez été élu Maire du XVIe arrondissement de Paris avec 76,2% des voix en juin 2020. Comment faites-vous pour assumer autant de responsabilités ?
« J’aime mon métier d’avocat comme au premier jour. Je le dis souvent, être avocat c’est vivre mille vies. Je suis aujourd’hui comblé d’être le maire de l’un des plus beaux arrondissements de Paris dans cette ville où je suis né. C’est une grande fierté. Cependant, je continue à faire mon métier car je crois qu’en politique, il faut essayer de se montrer courageux et pour se montrer courageux, il faut savoir rester libre. C’est pour cela aussi que je n’ai pas voulu abandonner mon métier et « vivre de la politique ». Cela implique un emploi du temps très chargé, mais j’aime travailler et j’ai à la mairie comme au cabinet de bonnes équipes sur lesquelles je peux m’appuyer.
Vous êtes un grand lecteur ; la littérature, mais aussi l’art et l’art de vivre à la française sont des atouts pour notre pays et Paris en particulier. De ce point de vue, comment voyez-vous l’avenir ?
« Paris est une ville unique au monde ; elle reste la plus prisée des destinations touristiques pour sa langue, son patrimoine, ses musées, la diversité de ses quartiers et bien évidemment pour sa cuisine. J’ai vu récemment qu’un grand hôtel parisien de l’avenue Montaigne venait de changer de chef et de carte pour revenir aux grands classiques de la cuisine française aussi bien dans l’assiette que dans la manière de dresser les tables. Notre histoire, nos spécialités, nos savoir-faire, notre patrimoine sont des atouts essentiels pour se projeter dans l’avenir et ne pas sombrer dans une forme d’amnésie ennuyeuse pour tous et dangereuse pour notre attractivité et notre économie. Dans le XVIe, nous avons la chance d’avoir l’une des plus belles maisons d’écrivains. La seule résidence parisienne encore existante de Balzac. Nous allons cette année créer le « Prix Honoré de Balzac » pour que cette maison, trop méconnue, devienne une curiosité locale mais aussi internationale. Balzac est connu dans le monde entier. Il faut que les Parisiens eux aussi prennent conscience des trésors qu’ils ont la chance de côtoyer. »
La FashionWeek de Paris est un moment phare de la haute-couture internationale. Oeuvrez-vous pour soutenir ces métiers ?
« Nous avons la chance dans le XVIe d’avoir, rue Octave Feuillet dans un superbe hôtel particulier du début du XXe siècle, un excellent lycée professionnel qui forme aux métiers d’Art et de la Mode. Cette année, cinquante-cinq élèves des différentes formations ont réalisé les costumes pour le tableau final du concours Miss France. Les productions de ces élèves étaient de facture quasi-professionnelle et l’on s’est rendu compte à quel point ces filières qui mènent aux métiers de modiste, de chapelier ou encore de brodeur participent au rayonnement de la France. C’est dans ce même esprit que nous avons récompensé l’année dernière les Meilleurs Ouvriers de France installés dans le XVIe comme l’un des plus célèbres d’entre tous, le chocolatier Patrick Roger, qui possède une boutique avenue Victor Hugo. Pour les passionnés de mode, il y a évidemment le Palais Galliera sur la Colline de Chaillot ou encore le Musée Yves Saint-Laurent, avenue Marceau. »
Parlez-nous de vous, auriez-vous une confidence ?
Non, en général ce sont mes clients qui me font des confidences. Mais je peux vous avouer un défaut. J’aime les crocodiles Haribo…
Si vous pouviez changer quelque chose dans l’humanité, par quoi commenceriez-vous ?
« Par moi. Il est vaniteux et vain de vouloir changer le monde sans jamais penser à se remettre en question. »
Le mot de la fin ?
« Eu égard à ce que je viens de dire, je promets d’essayer d’arrêter les crocodiles Haribo. »
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Propos recueillis par France Marie Myriam Larriere