Vous êtes à la tête d’un ensemble de plusieurs sociétés depuis plus de 20 ans et aujourd’hui vos entreprises se sont forgées une expérience reconnue dans plusieurs domaines du service sur le Nord de la France, et particulièrement sur ses plateformes portuaires et maritimes. Vos expertises particulières ont reçu une écoute de plusieurs grands comptes mais aussi d’agences gouvernementales, employant à ce jour plus de 450 salariés.
Ma première question est la suivante :
Vous êtes une femme entrepreneuse à la tête d’une structure qui engage de grandes responsabilités, menées généralement par des hommes. C’est un parcours magistral et courageux ;comment vous expliquez ce choix de vie ?
J’ai créé notre première entreprise avec mon mari. Au départ, je gérai les départements administratifs, mais après quelques années, il m’a passé la main et je me suis prise au jeu de diriger une activité dévolue en effet majoritairement à des cadres masculins. C’est dommage et j’espère ouvrir la voie à un rééquilibrage sur ce point. L’activité de sûreté sensible dont nous parlons aujourd’hui est avant tout une problématique de respect de règles strictes et de mesures de management propres et responsables ; il n’y a aucune raison que les femmes ne s’engagent pas plus dans cette voie (sourire). Les autres activités de notre groupe correspondent simplement à mon tempérament. La formation professionnelle et la commercialisation de vêtements et équipements de protection individuelle offrent des environnements qui complètent bien notre activité première. Je m’y sens à l’aise et épanouie car je suis entourée d’une équipe de collaborateurs compétents et motivés.
Vous côtoyez donc au quotidien des hommes de caractère et de conviction, policiers, agents de sécurité, gendarmes, autorités préfectorales… Défendez-vous certaines valeurs qui vous permettent de réussir dans ce secteur des plus masculins ?
Comme dit précédemment, ces professions s’ouvrent aux femmes depuis ces vingt dernières années. Les autorités régaliennes et les sociétés privées en se professionnalisant s’engagent à tous niveaux de responsabilité vers la mixité. Il est vrai qu’il faut faire montre de caractère, mais je crois que c’est notre environnement qui veut cela.
Nous vivons dans un monde violent et de plus en plus conflictuel au niveau des Etats ; il est donc important de se souvenir que les activités de sûreté privées offrent avant tout des solutions de prévention. Par conséquent, les femmes doivent prendre conscience que cet enjeu leur est hautement accessible de par leur nature.
Pensez-vous qu’il existe un potentiel de travail dans la sécurité ? De création d’emploi ? Pensez-vous renforcer votre développement ?
Les institutions de tous les pays se dégagent de plus en plus de responsabilités qui sont dévolues au secteur privé. C’est une évidence. Nous pouvons mesurer particulièrement autour des infrastructures privées sensibles que les missions de sûreté et de sécurité sont en très fortes croissance. L’emploi est une démarche constante de notre Groupe. Elle engage avec elle des logiques de formation, d’intégration et de dialogue sur toutes les catégories de personnel visé. Ne sont ce pas encore des problématiques que la femme peut gérer avantageusement ?
Quel conseil pourriez-vous donner aux lectrices, aux femmes d’aujourd’hui qui souhaitent entreprendre ?
Oser !!!Les modes de vie changent avec notre époque et les mentalités avec ! Le monde dans lequel nous entrons sera favorable aux femmes et je crois fermement que cet état de fait affectera positivement toutes les régions du monde. C’est une bonne chose pour les sociétés de demain. Entreprendre, c’est aussi gérer sa vie personnelle et privée avec plus de responsabilités et de libertés. Le meilleur conseil à donner aux jeunes est de donner chance à leurs rêves, de structurer leurs idées fortes et… de les exécuter.
Nous sommes confrontés à des changements importants avec la pandémie de Covid 19, comment avez-vous vécu cette période ?
C’est difficile pour tout le monde bien sûr. Mais le rôle d’un entrepreneur est de s’adapter à toutes les situations de crise et de trouver des solutions durables à celles-ci. C’est dans ces moments que l’on s’autorise à faire des changements en profondeur et à challenger ses process et méthodes. Nous avons passé la première période de la crise tous ensemble, équipes de management et salariés, sociétés et clients. Ensemble… un autre mot clé important de notre engagement.
De quelle manière appréhendez-vous de l’avenir ?
Je suis toujours positive car nous avons bâti nos valeurs sur des bases solides. Elles nous permettent de considérer l’avenir avec confiance et souplesse. Sur le plan personnel, j’ai de nombreux autres projets. J’aimerais leur donner chance aussi et travailler sur des horizons nouveaux car il faut s’adapter avec les modifications profondes que notre monde nous offre ou parfois nous impose. L’avenir sourit toujours aux personnes qui osent et qui sont méthodiques.
Le business et la créativité vont-ils de pair dans l’entreprenariat ?
C’est une des clés essentielles de la réussite, mais aussi de la pérennité de toute activité. Il est primordial de régénérer ses méthodes de fonctionnement mais aussi ses offres de service. De nombreuses entreprises en Europe vieillissent puis meurent car elles ne font que s’adapter aux nombreuses réglementations qui rythment et influencent leur quotidien. Il convient d’anticiper cette réalité en innovant et en créant de nouveaux concepts. La perfection en ce domaine est d’oser… oser mettre en pratique mettre de nouvelles idées jusqu’à devenir précurseur d’un changement profond et modèle.
C’est comme cela que nous construisons un avenir maîtrisé et non pas un avenir qui s’impose à nous.
Parlez-nous de vous, peut-être une anecdote ?
Je suis la première fille d’une fratrie de 5 enfants, issue de la première génération de l’immigration algérienne. Je suis fière de mes racines mais me sens pleinement française étant née ici. Désormais, je me considère avant tout comme une citoyenne du monde et j’adore voyager pour découvrir par moi-même de nouvelles cultures.
Je suis intéressée par le rôle de la femme bien sûr de par mes racines et les difficultés que cela a engendré pour une femme de ma génération, mais je m’intéresse plus encore aux rôles des jeunes dans le monde d’aujourd’hui et de demain.
Je suis passionnée et suis très proche de ma famille. Je reste néanmoins ouverte à tout ce que les cultures du monde entier peuvent nous enseigner, voire nous rappeler dans leurs connections avec les temps anciens.
Le mot de la fin ?
J’aime ce que je suis mais je suis surtout passionnée par ce que le monde des humains a à construire en s’unissant plus qu’il ne l’a fait dans le passé moderne. Je recommanderai encore et toujours aux plus jeunes mais aussi aux générations plus anciennes de croire en leurs rêves et de conserver une place dans le rythme effréné de leurs vies quotidiennes pour les accomplir. C’est ce qui nous portent vers un monde brillant et positif.
C’est l’adage que mon mari m’a appris et me rappelle chaque jour et j’en suis devenu aujourd’hui avec bonheur une ambassadrice convaincue et active.
Nous vous remercions d’avoir accepté l’interview pour le magazine Luxury Place
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