Vous êtes parisien, boxeur professionnel, humoriste, acteur. Sacré six fois champion du monde de boxe pieds poings ; boxe française, boxe thaï, kickboxing, full-contact, vous poursuivez votre carrière dans le cinéma avec d’ailleurs un palmarès déjà à votre actif tels que Astérix aux Jeux Olympiques de Thomas Langmann, un marocain à Paris de Saïd Naciri et en 2013 : Certifiée halal de Mahmoud Zemmouri et vous avez notamment participé à La Ferme Célébrités en Afrique sur TF1.
Comment passe-t-on du monde de la boxe à celui du cinéma ?
La chance tout simplement..
Boxeur de haut niveau, j’ai pu, lors de mes tournois, rencontrer beaucoup de monde. A cette occasion, il y avait toujours des personnalités invitées, des stars, des producteurs, des acteurs, des animateurs.. et c’est vers les années 2000 que j’ai eu la chance de rencontrer Thomas Langmann, producteur à succès avec les films Astérix, Meserine, The Artiste alors que son papa Claude Berri, producteur-réalisateur lui aussi était surnommé le parrain du cinéma français.
Après notre première rencontre, il est revenu me voir au Zénith lors d’un combat que j’avais remporté par K.O.. C’est à partir de cette époque qu’il m’a proposé mes premiers rôles au cinéma tout en étant mon sponsor dans la boxe. Nous avons sympathisé jusqu’à devenir copains ! Il m’accompagnait partout, il était présent à toutes mes représentations, tous mes combats et mes championnats. C’est de cette manière qu’a démarré mon aventure et mes premiers pas dans le cinéma.
Quelles ont été vos motivations pour passer du cinéma à la téléréalité comme La Ferme Célébrités en Afrique sur TF1 ?
Là c’est un autre monde, à l’époque TF1 cherchait un boxeur. J’ai fait le casting et j’ai immédiatement été sélectionné. De mon côté et à vrai dire j’étais surtout volontaire à découvrir l’Afrique du sud, les animaux sauvages et m’immerger dans cette expérience unique, celle de vivre en totale autarcie. J’en garde depuis un excellent souvenir !
Que pensez-vous de vos choix aujourd’hui ?
Je crois d’abord au destin. Il y a parfois des occasions qui se présentent à vous, qui ne sont pas seulement le fruit du hasard.. Et de ces occasions, on fait des choix qui construisent l’aventure d’une vie. C’est de cette manière que j’avance dans la vie, avec cette philosophie qui fait que quelles que soient les circonstances, qu’elles soient bonnes ou mauvaises, je les accepte et je les assume.
Mais parler de hasard, trop peu pour moi..
La vie est faite d’un mélange de belles et de moins belles choses qu’il faut, malgré tout, accepter car en réalité tout a un sens.
Farid Khider
Quand vous étiez enfant, aspiriez-vous à une telle carrière ?
L’enfance c’est plutôt l’âge de l’insouciance, on ne s’imagine pas l’avenir, on vie l’instant présent. Quand j’étais jeune, même si je pensais déjà à devenir boxeur, je n’arrivais pas à concevoir ce métier dans la durée. J’étais incapable de me projeter car on n’a jamais vu de boxeur sexagénaire. Alors la seule chose qui restait à faire était de prendre la vie comme elle venait.
Pouvez-vous nous parler de vos projets en cours ?
Oui j’ai un gros projet, un Biopic co-écrit avec Gérard Depardieu que j’apprécie énormément. Il s’agira de retracer mon parcours de vie, de ma carrière dans la boxe, de ce que j’ai pu traverser et endurer ces dernières années. Le but serait de porter à l’écran non pas une histoire romancée mais une histoire vraie, celle, et sans prétention, d’un Rocky à la française..
Même s’il est vrai que par le passé, il y a une dizaine d’années environ, une biographie était parue à mon sujet. A cette époque qu’il ait plu ou déplu, ou aiguisé tout simplement la curiosité, j’ai toujours été droit dans mes bottes malgré les événements qui ont pu bouleverser ma vie, je suis et reste un homme digne quoi que l’on puisse dire !
Après les tumultes que vous avez traversés lors d’affaires judiciaires qui ont défrayées la chronique, comment vous sentez-vous aujourd’hui ?
J’ai surtout été victime d’une grave erreur judiciaire et la presse, sans ménagement, s’est empressée de me jeter en pâture, sans autre forme de procès..
Heureusement le tribunal m’a définitivement acquitté des fausses charges retenues contre moi et l’Etat a même reconnu son erreur qui, du reste, doit désormais m’indemniser.
Après la décision, même si on est soulagé, satisfait d’avoir enfin été reconnu innocent, on ne peut s’empêcher de ressasser toutes les épreuves qu’on a pu vous faire subir. Pas seulement pour soi-même mais surtout pour les proches qu’on aime et qui vous aiment alors qu’on se sait innocent !
Malheureusement en France, le système fait que dès l’instant qu’on est seulement entendu dans une affaire judiciaire, on est forcément coupable alors que le juge n’a même pas encore prononcé le verdict.
Après une telle expérience, même si on est rompu aux épreuves, même si on a un mental d’acier, celui d’un combattant, entraîné à devenir champion, on reste néanmoins marqué à vie. Marqué non pas à cause d’une fragilité mais par l’amertume. L’amertume d’avoir été réduit à l’impuissance face à la douleur endurée par ses proches et c’est ce qui est le plus difficile à accepter, à oublier et à pardonner.
Face aux mêmes épreuves, certains auraient sûrement sombré dans la dépression, d’autres se seraient certainement suicidés mais Dieu merci j’ai cette capacité de résilience, cette force intérieure qui autrement n’aurait jamais pu faire de moi le champion du monde que je suis aujourd’hui.
On dit de vous que vous êtes un homme passionné, un amoureux du sport, parlez-nous des valeurs qui vous animent ?
L’école de la boxe, c’est d’abord l’école de la rue avec ses propres règles et ses valeurs authentiques. On trahit rarement dans le milieu du sport et encore moins dans la boxe. On enseigne de vraies valeurs comme le respect, l’assiduité, l’engagement, l’endurance.. on t’inculque en réalité les valeurs de la vie, tu tombes, tu te relèves, on te ferme une porte, tu frappes à une autre, tu vas au charbon comme on dit.. Tout ça c’est de l’acharnement, il ne faut jamais lâcher, il faut être là, il faut rester debout …
Je pense que c’est aussi le sens de l’amitié, d’ailleurs ce sont souvent des binômes qui se forment dans la boxe et on apprend à être ami et quand on donne son amitié, c’est généralement pour la vie .. Même si la trahison existe comme partout, elle est bien moins fréquente !
Quel conseil pouvez-vous donner à la jeunesse ?
S’accrocher… persévérer dans ce qu’on aime dans la vie. Au besoin poursuivre ses études le plus loin possible surtout aujourd’hui car on n’est plus à une époque où on pouvait trouver un travail facilement même sans diplôme. Quand on a une passion, il faut y croire, s’accrocher et se donner les moyens d’atteindre son but.
Dans tous les cas, ne jamais baisser les bras !
Une confidence à partager avec nos lecteurs ?
La vie est faite d’un mélange de belles et de moins belles choses qu’il faut, malgré tout, accepter car en réalité tout a un sens. Je me suis accrocher durant mes problèmes judiciaires mais après il n’y a eu que du bon..
Si vous deviez changer quelque chose dans le monde, par quoi commenceriez-vous ?
Je pense qu’il y a beaucoup trop d’hypocrisie sur cette planète, la misère vient après, comme dit la chanson : « elle serait moins pénible au soleil.. », merci Charles !
Il y a des personnes méchantes et haineuses alors qu’il y a de la place pour tout le monde dans cette planète. Il y a de la nourriture et de l’eau à profusion et pour tout le monde sur cette terre qui, il ne faut pas oublier, est faite d’eau à 80%…
Les gens envieux et médisants, j’ai simplement envie de leur dire de s’occuper de vos affaires, de votre propre vie ! C’est triste mais c’est la réalité.. et cela peut parfois vous arriver avec des proches.. Ils ne savent pas qu’inconsciemment ils font du mal et c’est terrible !
Votre rêve aujourd’hui ?
Je ne rêve plus. Ma force est de toujours faire ce que je veux. Aujourd’hui j’ai raccroché les gants mais on m’a récemment demandé de remonter sur le ring pour un dernier championnat du monde de boxe à Djerba, en Tunisie et j’ai finalement accepté juste par amitié pour le promoteur Ali Ouagueni..
Mais pour ce qui est du rêve, j’ai reçu une demande pour tourner un film sur ma vie, étant le seul boxeur au monde à avoir un palmarès toute catégorie, j’ai accepté car dans une certaine mesure cette nouvelle aventure qu’on me propose fait partie d’un rêve.
Être encore champion du monde et faire un film avec Gérard Depardieu !
Et puis sur les traces de son père, le jeune Selyan Khider nous fait déjà rêver par un parcours sportif dans l’univers de football plus que prometteur !
Propos recueillie par France Marie Myriam Larriere